La leucémie des vignes

07/09/2016

L’été 2010 fut pluvieux. Nous habitions un petit village d’Alsace, au bord des vignes. Les viticulteurs traitaient souvent cet été là.
Le mercredi 15 septembre, ma femme emmène mon fils faire une prise de sang. A 17h elle m’appelle : il a une leucémie.
Hospitalisé dans la foulée du diagnostic, il commence les chimios le soir même. Le médecin nous annonce 8 à 10 mois de traitement. J’arrête de bosser pour m’occuper de lui. Pendant 10 mois, soit je l’emmène à l’hôpital pour des chimios en tous genres, soit il est hospitalisé et je passe les journées avec lui et ses camarades au service oncohématologie pédiatrique.
Les médecins nous avaient dit « Ne cherchez pas à savoir d’où ça vient ». Entendre ça est ma première motivation pour chercher. Les pesticides sont les premiers suspects. Mais je ne peux rien prouver. Et qui accuser ? Le voisin qui traite ses arbres avec un pulvérisateur à moteur sans nous avertir alors que nos fenêtres sont grandes ouvertes ? Les viticulteurs qui passent et repassent à proximité de la maison sans arrêt après chaque averse ?
Mon fiston s’en est bien tiré, il est en pleine forme.
Moi j’ai pris une grosse claque.
On a déménagé.
Combien a coûté cette leucémie ?
Mon fils a perdu un an de scolarité. Rien de dramatique.
J’ai perdu mon salaire remplacé par une petite indemnité de congés parental. Pas un problème pour nous.
J’ai perdu mon boulot. Pas encore trop grave avec du recul.
Nous avons participé à l’étude ESTELLE de l’INSERM (qui étudiait l’influence de l’environnement de l’enfant, lié à la profession ou au mode de vie de ses parents, ou lié au voisinage de ses résidences successives, des antécédents familiaux de cancer, …).
Aucun résultat n’a été publié.
En discutant avec les médecins, les infirmières ou les secrétaires, j’ai estimé que cette leucémie a coûté à la communauté près de 350.000 €.
Et le service Onco-hémato de l’hôpital est de plus en plus saturé …