Problèmes cutanés chroniques suite à expositions aux pesticides
Le problème est survenu alors que j’habitais dans l’Orne, non loin de la frontière avec la Mayenne. J’avais une petite maison en pleine campagne, dans une région d’élevage où les pâturages étaient de plus en plus remplacés par des champs de maïs fourrager. Mon approvisionnement en eau était assuré par une source proche. J’étais situé à environ 30 à 50 mètres de champs cultivés dans toutes les directions. Ces champs étaient traités avec des désherbants (glyphosate), fongicides et insecticides environ 5 ou 6 fois par an, tous traitements confondus. Il est arrivé que des désherbants ruissellent sur ma propriété après la pluie, brûlant la végétation sur quelques mètres. Le climat très humide de la région faisait redescendre les pulvérisations sur de larges zones au crépuscule. Dès la deuxième année de mon installation, je ressentais des picotements au niveau de la bouche et de la gorge lorsque mes voisins traitaient. J’ai également été exposé à des pulvérisations lors de promenades dans la campagne. La troisième année, j’ai commencé à ressentir des sensations de brûlure intenses sur les avant-bras, qui s’estompaient après 2 à 4 jours. Comme les traitements étaient étalés dans le temps et non synchronisés entre exploitations, cela m’arrivait plusieurs fois par an, surtout au printemps et en automne. Les sensations sont devenues de plus en plus fortes et étendues, touchant le cuir chevelu, le front, la gorge, puis les cuisses, pourtant non directement exposées, ainsi que les canaux auditifs. J’ai commencé à réagir fortement en présence de moisissures, de produits de bricolage modernes contenant des additifs (mais pas au plâtre ou aux enduits traditionnels, et relativement peu au ciment), aux mastics silicone, laine de verre, etc. Par la suite, certaines huiles essentielles et certains produits naturels comme la terre de diatomées ou la laine de bois m’ont également causé des nuisances. J’ai aussi été exposé à la fumée de feux illégaux de bâches d’ensilage et d’enveloppes d’enrubannage, comme les agriculteurs en pratiquent souvent, ce qui m’a causé de fortes réactions.
Je pense que l’eau de ma source était contaminée et a aggravé le problème. J’en buvais peu, mais je me lavais avec.
J’étais affecté par des traitements ayant lieu non seulement à proximité, mais aussi dans un rayon de quelques kilomètres, en raison des retombées qui se produisaient le soir dans cet air très humide.
Je me soignais à l’aide de crèmes pour brûlures à base de Biafine, qui atténuaient légèrement la sensation. Les produits à base de millepertuis ou de calendula étaient également bénéfiques, mais de manière limitée.
J’ai depuis déménagé dans une autre région où il y a un peu moins de traitements et un climat qui favorise moins les retombées nocturnes. Néanmoins, cela fait maintenant dix à douze ans que je réagis fortement à l’exposition aux produits chimiques et aux moisissures, ainsi qu’aux émissions de particules et poussières très fines.
Je n’ai pas consulté à ce sujet, n’ayant aucune confiance en la médecine suite à des violences médicales subies dans l’enfance, et doutant qu’on puisse réellement me soigner. Quand j’en ai parlé à mes voisins de l’époque, y compris ceux qui n’étaient pas agriculteurs, on m’a accusé d’être allergique. Je n’emploie pas le mot « accuser » à la légère, car on rejetait la faute de mon état sur moi-même. J’insistais alors sur le fait que j’avais été sensibilisé après mon installation dans la région, ce qui semblait susciter une certaine inquiétude, mais pas de réaction.
Suite à mon déménagement, ma maison actuelle est située à moins de 10 mètres d’un champ. L’agriculteur a bien voulu convertir son champ en pâturage non traité, à ma grande satisfaction. Toutefois, il va partir à la retraite. Si je ne peux acquérir ce champ et qu’il est reconverti en culture dite conventionnelle, ma vie deviendra impossible. Souffrant déjà lors d’épandages à plusieurs centaines de mètres, je n’ose pas imaginer ce qui m’arriverait en cas d’exposition directe si proche.
13/02/22